en pleine mer
moi aussi
sur l'océan féérique
nous nous sommes reconnus
dans la nuit mosaïque
solitaires au coeur nu
lui oiseau de mer épuisé
qui n'a rien à faire ici
moi marin absorbé
par les heures de veille
qui réveillent le passé
l’oiseau s'installe sur les filières
il danse à l'aise
je n'ose lui jeter un œil
de peur de l'effrayer
pour lui je n'existe pas
je suis à la fois
agacé de son mystère
et touché par sa grâce
j'essaie de barrer sans à-coup
pour ne pas effrayer l’animal
une gageure dans l'atlantique
le cap ne fut pas fin cette nuit-là
branlé par la houle
il bouge comme un fou ce fou
qui n'est pas un fou
mais un cormoran égaré
qui se dévisse le cou
je pense qu'il dormit
à un moment je le vis
la tête sous l'épaule
le corps oscillant
au rythme du bateau
soulevé par la mer
à l'aube il disparut
sans me dire au revoir
je ne vis n'entendis rien
ni souffle ni soupir
mais maintenant je le sais
grâce à lui l'oiseau fatigué
en pleine mer en pleine nuit
je ne serais plus jamais seul
à toute heure
pensant à lui
je vivrais pleinement ma vie
au mitan des océans ou d’ailleurs
à J.V. et Golok
pensant à lui
je vivrais pleinement ma vie
au mitan des océans ou d’ailleurs
à J.V. et Golok