fouiller la surface (2)

j’écris pour fouiller la surface
des choses des gens indicibles
dans la sphère de l’invisible
au-delà des mots et des traces

rêveries d’un tableau abstrait
foisons d’un pays louangeur
tons de prélude en do majeur
cieux aux nuages éclatés

les mots m’empêchent de respirer
plongeant toujours plus loin
dans ce monde sans fin
j’écris mes visions en apnée

regard transperçant
main douce cachant un soupir
rages d’être torticolis de vivre
mort amère amer aimant

les mots cachent les tourments
les sons les camouflent
en appui sur le souffle
pour les contenir un moment

myriade de filandres fécondes
plus fortes que la matrice des heures
kyrielle de notes frappant à cœur
les bouts inconnus du monde

mes mots espoirs microscopiques
cailloux chassés par le vent
tournoyants cerfs-volants
échardes de bois transocéaniques

lignes de vie d’un navire pantelant
ni solutions ni échelles
je lance des passerelles
entre le rêve et le vibrant

mon texte va m’abandonner
voile s’évanouissant à l’horizon
gravant en moi un sillage profond
hors de ma vue il vivra à jamais

j’écrirai encore jusqu’à ma mort
et ce jour-là mes mots d’amour et d’or
tout contre moi je les emporterai
qui sait à qui ils pourront profiter

les nuages sauront-ils les aimer

version réécrite en vers de la version prose poétique (version 1) qui a reçu le j’écris pour fouiller la surface indicible
des choses et des gens
dans la sphère de l’invisible
au-delà des mots et des traces

mes mots ne sont pas des mots
ils sont la rencontre improbable
entre l’âme et la beauté
la volonté imparable
de peindre l’indiscernable hybride
de sentiments et d’émotions

je ne sais pas crier
tout juste murmurer
ma sincérité mon désir immanents

je cherche à créer
les rêveries d’un tableau abstrait
le foisonnement d’un paysage de recoins
la larme limpide d’un prélude en do majeur
les cieux aux nuages éclatés

je veux décrire
les yeux transparents grand ouverts
la main douce poussant un soupir
la mort amère si attirante
les rages de l’être à tous les âges
les folies de la vie tournis
j’écris pour me sauver de mes tourments
stopper leur cycle un moment
les voici suspendus en l’air par mes mots
qui les empêchent de retomber

d’un œil je les vois prêts à se ruer sur moi
alors je continue d’écrire en apnée
plongeant toujours plus loin
dans un monde sans fin

quand j’écris j’ai peur de mes mots microscopiques
mais je continue tant pis
porté par un espoir improbable
écharde de bois transocéanique
petit caillou à la fois dense et léger
chassé par le vent
cerf-volant hésitant
après s’être détaché de son fil
et qui tournoie en montant

mes mots forment une myriade
de filandres fécondes
plus fortes que la matrice des heures
une kyrielle de notes
frappant les cœurs des bouts du monde
où je ne suis jamais allé

j’écris pour lancer des passerelles entre les êtres
lignes de vie d’un bateau cherchant son cap
je ne veux pas d’échelles ni de solutions
je veux des rêves de la vibration

voile s’évanouissant à l’horizon
mon texte va m’abandonner
ayant gravé en moi un sillage profond
hors de ma vue il vivra à jamais

j’écrirai encore et encore jusqu’à ma mort
et ce jour-là mes mots d’amour et d’or
je les serrerai contre moi
je les emporterai avec moi
qui sait à qui ils pourront profiter

les nuages sauront-ils les aimer ?

version remise en vers livre de la version prose qui a reçu le 1er prix du concours Amavica 2022 - Mille poètes en Méditerranée - catégorie Prose poétique
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier