la pierre grise est la plate statue
portant en sacrifice un scorpion mort
là-bas l’enfant joueur sourit encore
ses bras arrondis cerclant l’arbre nu
tu rencontreras ainsi tant de vies
qui s’exposeront sans voile pour toi
guettant impatiemment que tu sois là
pour lever leur rideau de comédie
marcheur solitaire tes pas t’élèvent
plus haut que le monde aux mille visages
tu deviens une abstraction moine sage
énigmatique maître sans élève
pas de méditation juste la marche
instinctive et méthodique allurée
les arbres protègent ton avancée
de penseur libre serein patriarche
pour toi la nature n’est pas un temple
elle est un rêve vif allégorie
où tu pourras suivre tous les génies
sans paroles sans bruits sans gestes amples
les fantômes gris de l’humanité
te donnant la main pour former la ronde
tu vas goûter la vibration du monde
née il y a plus de cent mille années
tu t’es arrêté tu danses tu erres
tu ris tu tressailles tu virevoltes
soudain tu te réveilles sans révolte
simple marcheur sur un chemin de pierres