ode à tarutao

cri animal dans la moiteur verte de l'île
macaques gris nounous de grands yeux apeurés
nœuds de mangroves serpentines inviolées
rivière tordue vers la grotte aux crocodiles

comme l'eau le temps a repris son cours originel
à l'écart des bruits inutiles irréels
les hommes sont calmes et souriants
les enfants s'ennuient mollement
les chats miaulent pour le décor
des marcassins grognons traversent le parc d'or

jour et nuit soleil et pluie jouent à cache cache
et à chaque fois c'est la nature qui gagne
les arbres si hauts la lumière et la couleur
sont plus forts et plus éclatants ici qu'ailleurs

déserte la plage la plus longue sur terre
laisse s'échouer quelques rouleaux nonchalants
au large un phare breton protège la baie
où mouille un sloop rouillé de gangsta solitaire

l'île halte invite au repos
comme si l'écriteau du débarcadère
te prévenait attention voyageur délétère
sur le sable de l'îlot
tu ne poses pas que ton bagage
tu poses aussi ton rêve ta vie tes gages
et quant tu repartiras vers le vacarme
ici à Tarutao l'oubliée
toi le voyageur pressé
tu auras laissé un bout de ton âme

Thaïlande-mars 2017
Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier