j’ai porté pour toi le goémon tout en vrac
qui se trainait au confluent de l’aber wrac'h
j’ai respiré la mer qui se souvient de nous
cachant l'ancien baiser parmi ses embruns fous
je luttais en vain contre une nuit peu aimable
les dents toujours pleines de pépites de sable
j’étais seul coiffé d’un vol de mouettes piaillantes
griffures du ciel noirci girouettes planantes
l’horloge du bord égrenait mal les secondes
lentes et pesantes comme la fin du monde
alors j’ai quitté ces hauteurs méprisantes
j’ai dit adieu à la rivière qui me hante
rivière noire et nue où jamais rien ne s’ancre