je crée mes souvenirs
comme un artiste repeint sa toile
l’avenir est un élixir
diluant le présent dans le passé
je ne suis que chimie
de pensées programmées
les mots mentent
ils existaient avant moi
quand tout était différent
mon cœur s’emballe sans raison
vers tous les cardinaux
j’ai perdu le goût de tout
je souris sans passion
ne contemplant rien d’autre
que l’intérieur de moi
et pourtant je respire j’existe
mais pour quoi
quel destin pour un grain de sable
volant au moindre frisson marin
les poussières ne se donnent pas la main
croyant vivre la même aventure
les hommes s'agglutinent
pour flotter dans les courants tièdes
la réalité n’a pas de géométrie universelle
la vérité est un leurre de l’histoire
l’amour un rêve fatal à l’indépendance
aveugle j’avance en automate
monté sur quel ressort
ni justice ni compassion
ni revanche ni haine
peut-être simplement
l'impérieux désir de beauté
drapeau blanc surnageant du naufrage
triangle vert coiffant la soucoupe des nuages
seul chemin vers une transcendance
qui se passerait de l’histoire et des signes
sans nul besoin de raison folle
un chemin sans étoiles
qui est tout
sauf une ligne droite
Diplôme d'Honneur - Prix de poésie Europoésie-Unicef 2023
Texte : Luc Fayard
voir la version illustrée par Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar David Friedrich