murmure et frisson

la mer m’a dit dans un murmure un frisson

regarde toi ni frégate ni poisson
gorille lourd et grossier
comment oses-tu me défier
me déranger parmi mes éléments
que fais-tu là étranger sans palme
accroché à ton morceau sans âme
fait de bois et de toile sans vent
qu’espères tu donc de moi quel frisson

je suis le temps et l’espace
je suis l’horizon je suis l'aura
l'abysse ténébreux qui te perdra
et toi tu n’es qu'une carcasse
que sais-tu de l'effluve alizé déhanché
du chant perlé de la vague immaculée
de la poussière de sargasse

peut-être pourrais-tu me pénétrer
si seulement tu savais m'étreindre
dans tes bras malhabiles
ou bien délicatement me savourer 
goutte après goutte entre tes doigts
malheureux tu serais noyé avant d’y arriver
et par ma noire profondeur asphyxié

alors tu me regardes têtu tu renâcles
comme ces marins au regard fin
qui me fixent en espérant un miracle
impossible surnaturel incertain
ce n’est pas le vol saccadé d'un fou de bassan
ni la nageoire éphémère d’un dauphin
ni l’arbalète stridente d’un poisson volant
qui peut les distraire de leur attente sans fin
ni même leur dire qui je suis vraiment

je n’ai pas de solution pour l’homme
je suis la question
je suis la source

Conseil: une fois sur les poèmes, passez d'un texte à l'autre avec les flèches du clavier