elle me dit
que la lumière soit
mais la lumière fuit
elle insiste elle me dit
je suis la lumière
alors pour lui plaire
j’imite Giono
si tu veux ta place au soleil
ne cherches pas à faire de la place
fais du soleil
subjugué par le sortilège
je saisis mon crayon sacrilège
j’écris longtemps fiévreusement
de tout mon être frémissant
je veux du soleil et de l’ombre
sur les murmures des enfants
je veux des rayons de folie
sur les silences des murs blancs
transperçant le fil de la vie
j’entends la vibration du monde
née de chaque instant altérable
distillé par l’infinie ronde
des joies et peines insatiables
le soir ensemble tapis
on écouterait
la douce nuit tomber
sur nos têtes alanguies
on pleurerait un peu
sur le passé sinueux
sur les destinées mystérieuses
l’élégant ciel de Provence
rose et bleu
serait strié
de ses trainées vaporeuses
la cigale infatigable
continuerait de pousser
son cri rogue et nu
d’un air peu aimable
sans souci du noir venu
et le matin
la lumière clamerait
je suis là
à nouveau
plus forte qu’hier
plus déterminée
ici même l’ombre te donne la force de vivre
à la frontière de couleurs infinies
tu discernes tout
les peines et les envies
les chagrins et les désirs
tu vois la vie qui s’agrandit de courbes floues
tu vois les mains qui se tendent et se nouent
tu vois les yeux des autres qui te disent vas-y
pleure aime joue ris
tu vois l’amour qui enveloppe tout
dans ses bras ivres et doux
ton cœur apaisera ses cris
le violent torrent de ton âme
grâce à ces yeux affectueux
suivra un cours moins frénétique
goûtant même l’égarement
le temps devenu flegmatique
vibrant au rythme du présent
alors
plein de gaieté reconnaissante
ce jour serein de l’accalmie
à ta jeunesse impatiente
je dirai simplement merci
d’avoir su me parler
juste quand il le fallait
de lumière et de vie
à L.