blonde cavalière mongole

je suis la blonde cavalière mongole
et je vais gagner la course du Nadaam
la fête aux deux mille chevaux
je m’envolerai sur mon petit étalon
qui ne craint ni les loups gris
ni le creux des vallées sombres
ni le hurlement des fouets
ni le sifflement des serpents

personne ne pourra nous rattraper
sur les trente kilomètres de course
car je suis l’air et la vitesse
je suis l’arc et la flèche
je suis le vent de la steppe
et je me fondrai dans son souffle

restée au village ma mère prie les esprits
pour qu’ils libèrent ma route et guident mes pas
ne faites pas confiance à mon sourire timide
je suis celle qui ne pardonne rien
depuis que j’ai deux ans
père et grand-père m’entraînent tous les jours
qu’il vente ou qu’il neige
avec mes frères et mes sœurs
garçons et filles mélangés qu’importe
que le meilleur gagne
il portera nos couleurs
et ce fut moi l’enfant sauvage

je connais tout du cheval et de la course
que les autres s’approchent
avec leurs espoirs vains leurs muscles inutiles
leurs cravaches et leurs rictus
ils ne peuvent rien contre nous deux
toi ton dos fort court et droit
moi mes reins souples et mes jambes d’acier
et ma main que tu connais par coeur
cheval mon frère nous ne ferons qu’un
notre corps à corps comme une musique
battra le rythme millénaire de la terre

et quand j’aurai remporté le trophée « tumny ekh »
moi l’imparable déesse pubère
la Mongolie entière clamera mon nom
et celui de ma tribu
pour la nuit des temps

j’ai dit
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