les feux de mouillage des bateaux tanguent dans le noir
grasses lucioles ils disent à la terre
dormez braves gens tout est calme ici-bas
oubliez la haine et vos petitesses
ils disent au ciel
bonjour étoiles bonjour planètes et trous noirs
on est plus gros que vous
on éclaire mieux
et nous au moins on est utile aux hommes
mais les étoiles en ont vu d'autres
elles se moquent de ces nimbes prétentieux
elles ont pour elles la nuit des temps et le big bang
elles ont pris du recul sur la vie
et la faiblesse des sentiments
en intercalant des années-lumières
entre elles et les hommes
elles ont construit patiemment cette voûte visible
et démesurée
cette toile d'araignée en pointillés
ce labyrinthe éreintant
la nuit étoilée d'un soir d'été au mouillage me happe l'âme
pour l'envoyer valdinguer
comme une bille en verre dans le flipper céleste
j'entends ce dialogue vibrant entre le ciel et la terre
entre l'eau et l'éther
je suis le lien vital signifiant
pour qui se rejoue à chaque fois ce drame féérique
qui sait
un jour un soir
la nuit du ciel et de la mer
ronde des rondes
voûte des voûtes
se penchera sur moi
mère ample et douce et de sa voix
grave et philharmonique
longuement tendrement pleine de sens
en choisissant ses mots et ses silences
enfin bienveillante et altruiste
elle me dira peut-être pourquoi j'existe