je vois mon bureau l’écran la vieille fenêtre et sa vitre sale
le trait de zinc impuissant à protéger la terre trempée
je vois le buis rigide et fort les plates-bandes décharnées
qui renaîtront pourtant une femme intrépide le sait
je vois l’herbe vert et marron rase et bosselée
la mare immuable désertée par les canards
plus loin le saut du loup les champs et les forêts
je ne vois personne dans tout ce paysage
tapis les oiseaux pleurent les corneilles sont lasses
les lapins s'emmitouflent le cul blanc apeuré
et les sphères de la terre brassée par les taupes
dessinent les toits aériens d'un labyrinthe caché
puis je vois le ciel gris et noir qui prend toute la place
le jeu des ombres sur la terre embrumée
la lumière blanche transperce les nuages
c'est bien moi le seul homme de cette vie animée
je crée cet univers vibrant de mille souffles mêlés
qui entrent en moi pour nourrir ma passion
plan après plan tout n'est qu'extension
je deviens herbe champ oiseau arbre forêt