L’herbe est un nuage un bain de mousse et de bulles
Les arbres noeuds des sorcières préhistoriques
La terre une maison de rats trouée de taupes
Et quand la lune menteuse luit dans le gris
C’est que le jour et la nuit se sont mis d'accord
Je ne verrai jamais les choses comme elles sont
D’ailleurs les choses ne sont pas ce qu’elles sont
Elles seront ce que j’en dis ce que j'en distingue
Le champ est un prélude à la forêt la mare
Une invitation aux faucheux aux mangoustes
L’amour un sourire qui dure malgré tout
Les choses les gens deviennent ce qui les cerne
La filandre vole dans l’air jusqu’à la branche
Comme un cœur qui cherche son nid chaud tout là-haut
La nature n’est pas un temple elle est caverne
Peuplée de lumières floues et de bruissements
Qui la construisent la déchirent dans le vent
L’homme transpercé par les rayons et les larmes
Devient la cible unique de toutes ces vies
Et du vaste chaudron bouillonnant de son âme
Voici la vapeur des mots qui s’envole et fuit
Seul résistant à la noria des attaquants
J'esquive je fuis je crie ma haine mon bruit
Je serai le phénix de la fureur du verbe