vous les vibrants
scrutateurs d’infinis
voyants férus d’autres vies
liseurs d’âme entre les lignes
vous détenez en vision
l’arc-en-ciel de lumière
qui éclaire dans votre œuvre
les au-delàs d’horizon
vous en faites un bel usage
toujours renouvelé
comme bat des ailes
un papillon inépuisé
votre passion
avancer sans barrières
sur un chemin d’ornières
de creux d’irraison
vous y dansez libres passereaux
inlassables chercheurs de beauté
notes matières traits couleurs mots
vos ailes vos cris pour exister
truelles de l’origine du monde
flèches vives de l’espace et du temps
avec vous la terre n’est jamais ronde
ni le ciel frontière fermée au vent
derrière votre forme façonnée
le souffle naturel des choses
porte dans son cycle éternel
le voyage recommencé
vous êtes la houle et le sang
qui nous reconstruisent vivants
nous gens du passé fétus tristes
vous gens du futur les artistes
à la princesse I.M. et à ses pairs
vivre
vie croquée
croquée d’un large sourire
lumineuse élancée
lune et soleil
tout est mouvement chez toi
flèche volant au but tout droit
mais qui flânerait en route
à ses moments de doute
secrète comme un pays de cocagne
où tu pourrais rêver
si l’envie t’en prenait
avec toi tout est possible
ils le savent bien
tu leur as donné la main
les voilà qui s’accolent
en farandole
tu es la vie
avec sa force ses secrets ses espoirs
tu as les plus grands yeux du monde
ceux qui t’aiment y plongent en délices
dans un bain de jouvence
peuplé de connivence
tu es la vie
tu n’es pas un ange
je t’ai vue naître
mais à te voir secouer tes cheveux
et poser sur le monde subjugué
l’immense voile de ton cœur heureux
on devine les ailes qui t’emportent
loin très loin
plus loin que toutes les portes
à Z.
unisson
le marron noircit
le vert frissonne
le gris s’assombrit
la nature est un spectacle
de couleurs qui fuient
le vent dans les feuilles
le soleil sur la peau
le brouhaha de la vallée
la valse des odeurs
la vie est un habitacle
de forces invisibles
le cœur s’emballe
le corps refroidit
l’âme s’attriste
l'esprit s’enflamme
l’homme est un réceptacle
à l’unisson du monde
le coeur est une porte qui bat
claquant comme un fouet
tout y passe sans filtre
la tristesse et les tempêtes
la souffrance et les sourires
les peaux qu’on voudrait caresser
les visages qui fuient
parfois à côté d’elle
une fenêtre s’ouvre
sur des nuages contrariés
l’ombre pieuvre étend son manteau long
sur les cris et les questions
il faudrait parler parler
mais les mots aussi mentent
et pas seulement l’âme
il faudrait se taire
se regarder en silence
sourire quoiqu’il arrive
il faudrait s’envoler
imaginer se voir de là-haut
pixel parmi les pixels
puis zoomer jusqu’à la peau
plus profond encore
entendre et voir à l’intérieur
le cœur cognant à toute heure
pulsion incompressible
moteur irrésistible
pour qui pourquoi tape-t-il si fort
peut-être pour nous faire saisir
deux lois fatales de la vie
il faut se nourrir de ses malheurs secrets
il est impossible de vivre sans regrets
alors guidé par ces parapets gris
bordeurs de chemins incertains
lorsque se fermeront les rives de la nuit
épuisés mais sereins
nous verrons dans la folle ronde
la porte restée entrouverte
une dernière fois offerte
au passage entre deux mondes
tu ne crois plus
vieille breloque
tu ne crois plus aux mots
masques menteurs
tu ne crois plus à la réalité
cinéma d’auteur
tu ne crois plus à l’autre
rétif miroir de toi
tu ne crois plus aux dieux
prégnants contes de fées
tu ne crois plus à l’amour
dénudé par les ans
tu ne crois plus à la vie
vidée de ses sens
et surtout surtout
tu ne crois plus en toi
et puis voila
le jour se lève
temps flou
se dissout se disloque s’effiloche
je ne sais plus qui il est
à quoi il sert
il s’évapore sans bruit
vidant sa substance
avant tout était simple et horodaté
l’homme maitre de l’espace-temps
aujourd’hui tout est flou et mou
quelle heure est-il tout le monde s’en fout
il fut un temps
où le temps n’existait pas
puis quelqu’un l’a inventé
pour le confort des hommes
ce qui se passe en douce
ce signal vicieux
qui échappe au monde
cette métamorphose cosmologique
l’irréversible impulsion
vers l’impermanence des choses
le retour aux sources
les objets sans forme
la fin de la dualité
je devine sans l’admettre
l’incroyable vérité
le temps virtualisé
le problème c’est moi
je ne veux pas être impermanent
dissous dans la vacuité
ni mes passions mes envies mon ego
un combat inutile se livre en moi
perdu d’avance
ma chair mon âme mon esprit
contre l’unicité du vide de l’univers
quelle absurdité
mais non tout n’est pas fini
je me dépêche d’écrire
pour qu’il reste une trace
avant que cette implosion
ce big bang à l’envers
n'emporte tout dans le torrent
d’un trou noir irréversible
la fin de la mémoire et du temps
pleutres adorateurs
de l’évolution naturelle
un jour
je créerai un courant contraire
celui de la douceur et de l’amour
des discours et de l’enchantement
sans chichis ni honte
rythmé de rendez-vous réguliers
que personne ne pourra manquer
car ce jour-là
tout le monde portera une montre
sans toi
libérer les folies saturées d’arcs en ciel
dessiner les pays aux douceurs irréelles
sans toi à mes côtés je ne saurai créer
j’aurai beau embrasser le monde symphonique
poussé par l’océan des notes turbulentes
prestigieux maestro de pulsations démentes
sans tes mains d’artiste j’oublierai la musique
j’aurai beau tout chérir d’un désir enchanté
les âmes éperdues les plus amples tourments
vivre l’or de ma vie comme un tableau flamand
sans ton amour clément je ne pourrai chanter
j’aurai beau apprécier les sillons de la vie
creusant leurs cicatrices comme autant d’étendards
dans mes jours suspendus à ta lumière phare
sans ton regard sur moi plus rien ne resplendit
rage
fureur
mal de vivre
vieillir
se taire
ruminer
si peu d’envies
rien à croire
et puis
revivre
tout à coup
ciel auroral bariolé
phrase ciselée
regard bleu du désert
se dire
qu’on n’est pas encore mort
renaître
au coin d’un bord de mer salée
descendue si loin
déshabillant grèves et rochers
sous un ciel à étages
d’une infinité de gris
crise narcissique totale
tous ces gens
ces lieux
ces objets
ces idées
sans intérêt
ni passion
ni avenir
prégnance de la banalité
parole libérée
parole parasite
parole inutile
je voudrais du silence
longtemps
longtemps
se taire
ne pas se plaindre surtout
faire semblant de sourire
que personne ne sache
que la peine se cache
et puis
continuer de rêver
se perdre dans les sens et l’indicible
chercher partout la beauté
trouver ce qui surnage
un tout petit bleu
dans la vie grise
se dire
que ce n’est pas encore fini
quand je serai vieux
rongé par les lunes
je me souviendrai
des si mauvais jours
et je me dirai
les ans pèsent lourd
le chemin se serre
devant est si près
qu’on ne connait rien
ni même où on va
mes pas sur le sable
droit vers l’océan
où vont-ils ensuite
et pourtant je rêve
de ciel plage et mer
vieillir c'est marcher
sans se retourner
dans un grand brouillard
qui s’épaississant
pose tout son poids
sur sa courte vie
oubliez-moi
sublime
définitif
j’accepte de mourir
bien obligé hein
mais attention
sans souffrir
ni finir gâteux
eh pourquoi pas
quand on désire très fort
quelque chose
et que ça se produit
qui peut prouver
d’où viennent
ce hasard télépathique
ce miracle biologique
cet esprit œcuménique
qui sait
dans ces conditions calmes
mourir sans état d’âme
ne serait rien d’autre
qu’un passage obligé
imperceptible changement d’état
une fois je respire
une fois je ne respire plus
à peine si l’on voit la différence
quelqu’un dirait tiens il est mort le vieux
comme s’il disait tiens il pleut
personne ne pourra discerner
ce grain de sable envolé
dans la tempête cosmique
seul souci
je ne veux pas faire de peine
à ceux que j’aime et qui m’aiment
à ceux-là je dis
oubliez-moi
vous allez voir
c’est plus facile qu’on croit
et rapide
oubliez-moi
un peu plus chaque jour
où que je sois
l’oubli tranquille et progressif
seule solution à la vie après la mort
oubliez même
que je vous aime
si mal d’ailleurs
que ça n’en vaut pas la peine
oubliez mon visage et ma voix
fragiles fusibles de l’être
oubliez mon âme aussi
incongrue sans relief
si peu inoubliable
mots volatiles
émois dociles
quand je serai mort
mon être sera
sans importance pour vous
soit il vivra sans vous
soit il n’existera plus
mais vous n’en saurez rien
oubliez les moments vécus ensemble
créations de l’atomique hasard
oubliez-moi
de haut en bas
de dos de profil de face
oubliez-moi
sans effort
avec le temps qui efface
les minuscules traces
et quand vous m’aurez oublié
vous verrez
vous vivrez mieux
sans vous poser la question
de savoir si j’existe encore
quelque part
quand je serai mort
j’aimerai vous dire où je suis
je vous dirai
que je vous aime encore
que c’est vous
qui m’avez fait exister
vos pas
votre souffle
vos bonheurs
et même vos souffrances
qui devenaient les miennes
je n’aimerai pas mourir
sans avoir dit aux gens que j’aime
que je les aime
j’aimerai vous dire
là-bas
dans cet ailleurs inconnaissable
que je pense à vous
mais du néant c’est difficile
et sinon
si jamais je pouvais vous parler
je serais sans doute surveillé
par un vieillard grincheux
comptable pointilleux
de mes grands et petits péchés
quel ennui mon dieu
mes amis
un dernier mot
celui-là ne l’oubliez pas
même si vous devez oublier
qu’il vient de moi
une expression tellement banale
qu’elle passera inaperçu
après tout ce temps perdu
je me sens moins nu
je sais enfin comment il faut vivre
moi-même je n’y arrive toujours pas
autruche
baudruche
mais je le sais
je le scande
il faut
goû-ter l’ins-tant pré-sent
à tout moment
comme s’il était unique
sans après et sans avant
goûter d’un geste laconique
l’ici et le maintenant
du karma bouddhique
par essence par définition
le monde n’a pas de sens préexistant
c’est vous qui le lui donnez
respirez
simplement
tissez vous-même
votre lien aux autres
devenez votre univers
en couleurs
rose et vert
souriez
c’est plus difficile
mais ça détend
faites le plein
de l’instantané
je regrette tellement
de ne pas l’avoir fait
pour moi c’est trop tard
un vieux ça ne pleure pas
ça geint
ça se souvient
quand ça peut
je crois que je mourrai sans regret
mais pas sans peur
j’ai peur de la peur de mourir
je me vois essayant de me raisonner
si j’ai encore ma tête
voyons c’est simple
soit il n’y a rien et alors basta
paix aux morts et vive les vivants
soit il y a quelque chose
et ce quelque chose
prend tellement de formes inimaginables
foldingues
énigmatiques
qu’il ne sert à rien de s’énerver
parmi les scénarios alternatifs
je me regarde et je me dis
peut-être pas tout de suite le paradis
mais l’enfer quand même non
ce n’est pas pour moi
j’opte pour la probabilité
du purgatoire
en mesure conservatoire
mais combien de temps
on s’en fout
le temps n’existe plus
de quoi te plains-tu
homme veule et nu
devant toi familière
morts sombres
enfouis par des années de terre rocailleuse
confinant en sépulcre leurs âmes rêveuses
je les devine qui souffrent gémissent
au souvenir des chevaux mors aux dents
et des troupeaux de yaks aux mille sangs
moutons et chèvres mêlés aux comices
le temps s’est arrêté je sens
le temps serpent temps araignée
grand moqueur de l'air et des gens
maître de l'univers du vent
et pourtant sous le ciel de pluie
la roue a tourné malgré lui
des 4x4 se sont introduits
violant le passé du décor
insouciants du tumulte en terre
où se découragent les morts
égarés surpris délétères
cassés par le cri des moteurs
le crépitement des radios
le grésillement des antennes
tous les dieux anciens sont outrés
et quand nous partirons tristes bohèmes
enchainés au présent des charlatans
laissant seuls les nomades survivants
les morts ne seront jamais plus les mêmes
moine bouddha
à côté du bouddha
j'ai son sourire
le même sens de la vacuité
de l’être et des objets
une perception réservée aux initiés
alors quel est le plus bouddha des deux
jour après jour le vide se fait en moi
je m'approche de la vraie nature du monde
mon ego perd sa forme
j'ai déjà renoncé à tout
je respire l’impermanence des choses
tout viendra à moi
même vos regards votre brouhaha
je les accepte
ils s'intègrent à l’harmonie naturelle
ne cherchez pas
il n'y a rien à trouver
laissez simplement la paix venir en vous
et vous sourirez
comme moi
lumière et vie
que la lumière soit
mais la lumière fuit
elle insiste elle me dit
je suis la lumière
alors pour lui plaire
j’imite Giono
si tu veux ta place au soleil
ne cherches pas à faire de la place
fais du soleil
subjugué par le sortilège
je saisis mon crayon sacrilège
j’écris longtemps fiévreusement
de tout mon être frémissant
je veux du soleil et de l’ombre
sur les murmures des enfants
je veux des rayons de folie
sur les silences des murs blancs
transperçant le fil de la vie
j’entends la vibration du monde
née de chaque instant altérable
distillé par l’infinie ronde
des joies et peines insatiables
le soir ensemble tapis
on écouterait
la douce nuit tomber
sur nos têtes alanguies
on pleurerait un peu
sur le passé sinueux
sur les destinées mystérieuses
l’élégant ciel de Provence
rose et bleu
serait strié
de ses trainées vaporeuses
la cigale infatigable
continuerait de pousser
son cri rogue et nu
d’un air peu aimable
sans souci du noir venu
et le matin
la lumière clamerait
je suis là
à nouveau
plus forte qu’hier
plus déterminée
ici même l’ombre te donne la force de vivre
à la frontière de couleurs infinies
tu discernes tout
les peines et les envies
les chagrins et les désirs
tu vois la vie qui s’agrandit de courbes floues
tu vois les mains qui se tendent et se nouent
tu vois les yeux des autres qui te disent vas-y
pleure aime joue ris
tu vois l’amour qui enveloppe tout
dans ses bras ivres et doux
ton cœur apaisera ses cris
le violent torrent de ton âme
grâce à ces yeux affectueux
suivra un cours moins frénétique
goûtant même l’égarement
le temps devenu flegmatique
vibrant au rythme du présent
alors
plein de gaieté reconnaissante
ce jour serein de l’accalmie
à ta jeunesse impatiente
je dirai simplement merci
d’avoir su me parler
juste quand il le fallait
de lumière et de vie
à L.
libellule
un sourire énigme de muse
le cœur gros comme un gros diamant
cœur d’or cœur d’amour cœur vibrant
marchant sur la pointe des pieds
de peur d’abimer le sentier
de la vie riche que tu sculptes
les arbres les fleurs et la mer
d’un air tranquille sans tumulte
tu croques tes rêves d’enfant
qui s’envolent en riant
tu es si farouche et secrète
mais du haut de ton port de tête
tu abrites un monde bleu
qui rend les gens heureux
pélican et iguane
l’iguane une âme
qui sait
ici tout est différent
tout respire autrement
dans ces îles capricieuses
la mer n’est pas un gouffre amer
mais une vasque de coraux
où se trémoussent des poissons bleus
plus loin sur la côte
la terre exhibe fièrement
ses orgues basaltiques
et là-bas sur la ligne verte
les surfeurs s’égaient en pirouettes
le coco à coque dure
tombe avec un bruit mat
où l’on se niche
entre le ciel et l’eau
au soleil de l’ile papillon
nos yeux se sont plissés
nos peaux couvertes d’écailles
nous sommes redevenus tortues
nos cœurs battent lentement
ici pour un instant
le temps a posé ses fardeaux
noir pour mourir
poignées à abaisser
volets de fer fermés
crissements nus des bruits
siffleurs de sphères vertes
marches blanches du pin
ronronnements urbains
branches nouées désertes
mats gris de parasol
arrière-plans mêlés
bleus blancs du haut lavés
chats glissant sur le sol
roulement lourd du train
cris du bas des maisons
fumées hélice en rond
carrés de vitres teints
puis les sons vont s’éteindre
les visions s’obscurcir
dans le noir pour mourir
je ne pourrai plus feindre
las des brumes
las des brumes
délabrées
l’enfant hume
l’air vicié
secouant
nez et tête
sur des joues
maigrelettes
il s’en va
respirer
tout là-bas
un air frais
lac étrange
aux multiformes entrelacs
ta vie se déroule sans toi
dans un rêve de peau d’orange
un lieu d’acteur et spectateur
que tu hantes passant blasé
tout y est de travers raté
absences rendez-vous sans heure
tu vois mille chemins balourds
dans ce bazar de cinéma
se proposer à tes pieds las
embourbés à ce carrefour
la tête levée vers le ciel
tu voudrais indices et signes
mais les nuages sont indignes
avares et caractériels
c’est à toi de les enfanter
idiot tu n’as donc rien compris
c’est dans tes pas que se construit
le chemin de la liberté
la pluie avant après
l'eau qui te sauve
le jour l’incolore
les mots résonnent vides
comme des falaises guettant la mer
où de grands rochers muets
camouflent leur récit
te laissant seul
face au néant
même les chiens errants
marchent l’œil triste et bas
quand tu es sombre et las
tu n’as rien à pleurer
ni à regretter
rien à oublier
tassant les reliefs du passé
ta vie s’étale plaine rase
fatal désert de la banalité
et puis
de très loin
lentement
fantômes errants devenant réalité
l’odeur douce d’une peau caressée
une flèche de lumière dans les nuages percés
des taches s’élargissant en bleu et blanc
pour colorier un nouvel univers
alors
les cônes de pluie s’éloignent
la tristesse se dissout dans les limbes
et surtout
ton cœur bat
quand tes pieds nus se crispent sur le sable
tout revient
dans une bouffée submergée de sens
exquise tiédeur
mécanisme huilé de la pression
talon plante orteils
pointillisme de la texture
plaisir inégalé de cette marche unique
éphémère
la longue trace de tes pas
bientôt couverte par la mer
as-tu remarqué
c’est toujours l’eau qui te sauve
le souvenir de son odeur salée
le cycle du roulement de la marée
l’écume qui point avec le vent
il suffit que tu songes
à une plage nue d’hiver
sur le relief breton
pour que tu plonges
et t’immerges sans raison
dans le non-dit de l’enfance
à nouveau tu avances
à nouveau tu espères
l’automne malgré tout
malgré la folie des hommes
la fin des embrassades
et des câlins furtifs
malgré le regard méfiant planétaire
l’automne est venu sans se presser
les feuilles du chêne roux me narguent
le liquidambar a fini par rougir
l’acacia a pris sa forme squelettique
ce n’est pas encore de l’espoir
c’est une lueur dans la lourde brume
des esprits martelés par l’angoisse
le temps me dit qu’il est plus fort que moi
bah je le savais déjà
mais je l’avais peut-être oublié
déboussolé et perdu
dans la contagion prégnante des corps et des cœurs
dans l’éternité apparente de la maladie
j’ai peur de mourir dans d’atroces souffrances
et de laisser en plan tous ceux que j’aime
alors je regarde le chêne mûr et je souris presque
malgré la pesanteur des jours morts
malgré l’incohérence de la parole inutile
et doucement en respirant je me dis
que je reverdirai comme lui
jamais seul
quand survient un berger en mobylette
cherchant quelques chèvres
disparues pendant sa sieste
ensemble nous avons pris le thé en riant
je suis seul sur mon bateau
dans l’atlantique alizé
quand je croise un grand voilier
en course autour du monde
j'ai la priorité mais je le laisse passer
je reçois le salut des équipiers
je suis seul dans la forêt ronde
quand je vois un écureuil
effrayé par un chevreuil
effrayé par moi
je pars sur la pointe des pieds
mais le mal est fait
je suis seul sur la page blanche et rose
quand les mots viennent et me sauvent
je suis seul dans la foule dense
et je le suis resté longtemps
jusqu'à ce que reviennent ces moments
qui me disent la même chose
dans ma vie d’actes et de pensées
plus jamais seul je serai entouré à toute heure
de mes souvenirs autour du coeur
et de mon passé entrecroisés
infinis sept
saints de bretagne premiers immigrés
esther et ses belles prophétesses
péchés capitaux tellement attirants
thèbes et ses trop nombreuses portes
menorah chandelier bizarre avec tant de branches
elohim fatigué ajoutant un jour de repos
rayons du dieu soleil quand il t'éblouit
versets dans la sourate al-fatiha pas un de plus
époque archaïque des sages grecs chacun sa maxime
indicatif téléphonique international de la russie
nombre de chakras et de villes saintes hindoues
couleurs de l'arc en ciel
étoile polaire et ses copines de la petite ourse
seven up youp la boum joyeux anniversaire
diacres ordonnés par les apôtres
ut et les autres notes ça suffit
années de malheur si tu casses un miroir
oumra période où tu marches tu marches
naga le serpent dont tu dois te méfier
dormants d'éphèse jeunes et vieux
et pour finir bien sûr et pour toi
la rose et ses foutus pétales
inanité
mon âme est le vent
mon corps la terre boueuse
ma vie une plante
entre ciel et terre
nu l'arbre est un arbre
feuillu aussi mais alors
que se passe-t-il
entre deux saisons
la feuille tombe sur le sol
et s'y installe
qu’y recouvre-t-elle
qui vit sous elle
formes sons et odeurs
je vais tout oublier
et rester arbre
repliant ses branches
et quand je serai vide
nu de toute frondaison
je ricanerai
d’inanité
comme un son de renaissance inédit
aura stoppé d’inutiles marées
quand les sourires se seront lassés
d’avoir créé ce monde vide et plein
quand la fin de l’amour aura tendu
son manteau ouaté sur les âmes nues
quand la poussière suspendue en l’air
aura révélé de nouveaux mystères
quand la course du ciel sera courbée
par le poids des remords et des regrets
quand les nuages auront dit au monde
voici l’ultime ronde vagabonde
quand les collines là-bas et les monts
auront tourné leurs obliques rayons
vers d’autres esprits objets et regards
que ceux des hommes lisses et hagards
je me tairai mes mots n’auront plus d’âge
ni mon cœur ni mon âme de courage
peut-être alors rompant le non-dit
tintera le chant d’un nouvel héraut
prolongeant son air d’écho en écho
comme un son de renaissance inédit
encouragé par lui on pourra
relancer la course des nuages
faire retomber poussière et vent
redresser la tête des montagnes
libérer le ciel en mouvement
caresser la mer et son tangage
et c’est ainsi que nait la nouvelle ère
abrupte qui renverse les chimères
fous de mer
en pleine mer
moi aussi
sur l'océan féérique
nous nous sommes reconnus
dans la nuit mosaïque
solitaires au coeur nu
lui oiseau de mer épuisé
qui n'a rien à faire ici
moi marin absorbé
par les heures de veille
qui réveillent le passé
l’oiseau s'installe sur les filières
il danse à l'aise
je n'ose lui jeter un œil
de peur de l'effrayer
pour lui je n'existe pas
je suis à la fois
agacé de son mystère
et touché par sa grâce
j'essaie de barrer sans à-coup
pour ne pas effrayer l’animal
une gageure dans l'atlantique
le cap ne fut pas fin cette nuit-là
branlé par la houle
il bouge comme un fou ce fou
qui n'est pas un fou
mais un cormoran égaré
qui se dévisse le cou
je pense qu'il dormit
à un moment je le vis
la tête sous l'épaule
le corps oscillant
au rythme du bateau
soulevé par la mer
à l'aube il disparut
sans me dire au revoir
je ne vis n'entendis rien
ni souffle ni soupir
mais maintenant je le sais
grâce à lui l'oiseau fatigué
en pleine mer en pleine nuit
je ne serais plus jamais seul
pensant à lui
je vivrais pleinement ma vie
au mitan des océans ou d’ailleurs
à J.V. et Golok
haies
dehors dedans
dehors
bleu blanc vert
couleurs prégnantes
avions filant
vers leur destin
joyeux cris d’enfants
montant de la vallée
les oiseaux discutent
revenus de loin
sans me dérider
dedans
rien ne sourit
mes sens reliés au monde
ne m’y ont pas attaché
je ne saurais jamais
qui je suis
spectateur de ma vie
toujours en attente
de quoi
d'abord le vent
d’abord le vent incessant
pénètre les pores
cure de désintox
massage brutal et caressant
puis le soleil impérial
se heurte aux nuages
les couleurs claires de la mer
mordent les palmiers
au pied des mornes rouges
l’accent met en relief le sourire
de gens calmes et lents
le pélican brusque plongeur
repart lourd et décidé
l’iguane d’un autre temps
s’arque sur la pierre grise
les taches de fleurs nonchalantes
se penchent vers vous
comme pour vous dire
respirez calmement
revivez
oubliez le temps
laissez parler les sens
renaissance
éternelle universalité de la douleur
il y a des siècles semble-t-il
les deux femmes bouddhistes
sont entrées au temple de Gandan
chaussées de leurs bottes mongoles
elles y sont restées
sur de longs chapelets ridés
les jours de marché
assises là dans ce recoin
toujours le même
recroquevillées
sur les marches du temple
aussi usées qu’elles
elles parlent à mi-voix
des gens qui passent
comme s’ils avaient de l’importance
et ils doivent en avoir
puisqu’elles sont encore là pour en parler
chaque fois qu’elles se retrouvent
la conversation reprend
à l’endroit exact où elle s’était arrêtée
elles commentent de minuscules épisodes
le fil de la vie se déroule
c’est le tout qui forme le monde
tout se raconte
plus rien ne les surprend
mais tout les intéresse
surtout les choses du dedans
car leurs yeux plissés de compassion
sont tournés vers les âmes qui souffrent
les sans voix les solitaires les épleurées
celles qui subissent en silence
l’éternelle universalité de la douleur
cicatrice d'amour
a le regard fulgurant
d’un vif éclair de soleil
zébrant le ciel bleu et lourd
sur sa peau les souvenirs
s’égrènent avec le cœur
entêtés ils apparient
les sourires et les pleurs
alors tous les sens s’éveillent
les odeurs mêlées aux sons
les parfums le long du corps
et les vibrations du temps
là d’une branche invisible
un oiseau s’orne de trilles
secouant de toutes plumes
la vitalité de l’air
chaque fois qu’un être chante
la mort cède note à note
pas après pas sans raison
comme une distraction
alors l’âme se renforce
de questions et de réponses
la vie n’est plus qu’un puzzle
passé recomposée
avec des pièces triées
pour leurs couleurs fortes
leurs arêtes sectionnées
aux places les plus accortes
on remanie sa mémoire
avec d’arrière-pensées
pour créer sa vie dorée
avec ses heures de gloire
la seule vraie à toute heure
la voie rêvée du bonheur
celle de l’enfant vainqueur
qui souffre rit et qui pleure
chevauchées et clôtures
la vieille
que d’années dans son corps voûté
toujours elle baisse les yeux et fronce le nez
sans sourire et sans le faire exprès
le soleil distribue la lumière et l’ombre
sur un visage auréolé
ses fins cheveux gris et ambre
amplifient la force de sa stature
pour elle le temps qui passe et qu’il fait
n’a pas notre valeur hypertrophiée
elle l’a définitivement apprivoisé
derrière ses yeux plissés
j'aime la musique qui chante
berceau
blonde cavalière mongole
arrête le temps
homme d'ombre et d'onde
j’étais un homme d’ombre et d’onde
pleurant seul
ballot d’aube
et me voici lumière active
chassant l’inutile
fuyant les prémices obscures de la mort
long fut le temps où je cherchais l’indicible
au-delà de la poussière des jours
aujourd’hui je cours
hâté par les battements du coeur
peuplant le présent d’un corail de pacotille
futile barrière anti-futur anti-noir anti-tout
j'étais larve du soir fantôme d’attirance
et me voici prévisible espérance
fallait-il hier se fondre
ou faut-il maintenant
entre douleur et fureur
comme le plus petit des hommes
j’aime cette ressemblance à la communauté
j’appartiens à l’humanité
plus je suis imparfait plus je m’ancre
quand je crie mon impuissance
ma solitude est multiple
mon désespoir infime
mon avenir sans surprise
mes mains fabriquent ma tour d’ivoire
tandis que sèche mon coeur
je vois une vie sereine
quand je vivais l’errance
la marque du bonheur
ma peau est lisse
j’ai perdu mes crevasses
je marche droit vers la fin
la route monte de plus en plus
le soleil me frotte le dos
il me dessine une ombre gigantesque
je reste coi
les oreilles bouchées de certitude
un jour peut-être
mon passé d’abondance et d’ébauches
et mon présent de fer apparent
ce jour-là gare je serai le roi de la terre
je n’aurai plus qu’à mourir et comparaître
alors je dirai à Dieu
Seigneur, me voici
pêcheur à occurence multiple
(vous seriez jaloux d’un saint)
j’ai cherché et suivi toutes les voies qui mènent à vous
j’ai rêvé et j’ai agi
j’ai aimé et j’ai créé
j’ai pleuré et combattu
j’ai écouté et j’ai dirigé
j’ai donné et entrainé
mes rêves me rapprochaient de vous
mais dans une forme d’inutilité
mes actes me rendaient insouciant
mais je perdais le sens du bien
l’amour m’a comblé
dans un quotidien douteux
mes pleurs étaient des gouttes d’insuffisance
mes combats une vaine agitation
et quand j’ai voulu emporter d’autres derrière moi
j’ai souvent quitté les routes de la théorie
pour un chemin ou tout est discutable
Seigneur me voici
que fallait-il faire
et Dieu de sa voix caverneuse et douce
me donnerait enfin cette réponse
que je ne connais pas
et qu’il faut que j’attende encore
esclave combattant avec ses deux vies
homme fatal de la dichotomie
imparable amant du futur antérieur
funambule de l’inestimable impossible
gratteur de racines incomestibles
chercheur d’ailleurs successifs
vasectomisé génétique du chromosome bonheur
belzébuth
la cahutte
sur la butte
belzébuth
prend son luth
ou sa flûte
tut tut tut
belzébuth
persécute
mi sol ut
ça chahute
c'est son but
on l’bizute
mais la brute
belzébuth
bête en rut
a dit zut
à la pute
belzébuth
tout hirsute
sous sa hutte
on dit chut
plus de flute
ni de luth
c’est la chute
la culbute
plus de lutte
belzébuth
sans volute
parachute
azimut
elle s'avance à petits pas
levant vers moi son regard clair
impératif et fier
je ne sais ce qui me trouble le plus
sa rousseur ou ses yeux verts
quand elle s’étend lentement sur le lit
elle s’en empare sans lutte
se lovant d’une manière incroyablement ronde
prise de possession totale capture
je ne suis plus que son prisonnier fatal
dès qu’elle surgit
tout l’espace lui appartient
quand elle frotte sa tête contre la mienne
j’entends son cœur qui ne bat que pour moi
elle est la grâce et le mystère
jamais elle ne crie
toujours ses yeux parlent pour elle
quand elle me quitte
d’une démarche souple et altière
le temps se fige
je ne respire plus
je n'existe plus pour elle
je ne survis que pour son retour
m’occupant sans âme à des tâches incertaines
la vie n’est qu’une lutte entre désir et spleen
elle me rend plus aimable et souriant
telle est sa marque sur le sceau du temps
partout où elle vit hautaine
elle se déplace en reine
sans hâte
ma chatte
cercle infini de l'enfant
la fleur rougissante du soir
le vent sentimental et dense
le chevreuil campé dans le noir
la forêt plantureuse en transe
je suis
la pluie marbrée bue goulûment
le nuage arrondi en pleurs
le rêve du monde écumant
la voie de l’ange du bonheur
je suis
la vie sauteuse de barrières
le chuchotement indistinct
le mot où la pensée se terre
le silence brutal divin
je suis
la friction de dissentiment
la pierre sur quoi trébucher
le poisson limpide et gluant
le lac abyssal encerclé
je suis
le buisson de varech errant
la fourmi peureuse aux aguets
le papillon virevoltant
l’herbe consumée par l’été
je suis plus que chaque élément
je suis la chaîne reliant
la fleur butinée par le vent
le chevreuil dansant en forêt
la pluie des nuages pleurants
le rêve d’anges métissés
la vie qu’on voudrait chuchotée
le mot pensé plein de silence
le heurt de la pierre butée
le poisson du lac d’abondance
le varech cachant les fourmis
le papillon herbe de vie
comme un grand ensemble une roue
je suis l’enfant qui perçoit tout
trop tard
tout est annoncé
sans bruit sans effet
forcé tu avances sur la route morose
où ne subsiste même pas
l’ombre opaque de tes pas
dans un dernier souffle qui passe
baudruche automate tu marches
sur la voie imposée sans arches
qui te conduit vers une impasse
comment croire à la valeur de ton âme
quand tout clame
que tu es de passage
tu crois sentir une émotion de partage
tu n’es que chimie mal programmée
illusion incontrôlée
tu crois renaître d’un passé glorieux
tu n’es qu’un fragment du souffle des cieux
sachant la fin écrite dès le commencement
quand viendra le moment immanquable
où poussière nue mot sans vocable
tu accompliras le dernier saut insignifiant
ce non-événement des milliards de fois répété
l’extinction sans éclat éternel
d’une infime étincelle
ne sera plus un mystère pour ton âme hébétée
mais il sera trop tard
nuage au paradis
nu je nage
dans l'azur pur
qui susurre
sans fin j'erre
en troposphère
haut sur terre
je délibère
des miasmes du temps
je souris gentiment
caressé par le vent
tant aimé
expirant sobrement
dans mes fils emmêlés
lissant
mes beaux cheveux
filandreux
gris cire et bleus
parfois je me fâche
et lâche
trois gouttes dures
sur la terre en murmures
de ma peau de pèche
j'empêche
le soleil
de couver mon ventre fécond
je me love en veille
chatte en rond
dans mes bras d'ouate propriétaires
j'abrite de multiples hôtes
un aréopage d'oiseaux migrateurs
en pause transocéanique
fatigués et pinailleurs
un éclair débutant qui ne sait pas tonner
des bruits prisonniers dont je garde la clé
un arc en ciel à libérer selon mon désir
et tous les souvenirs
en sépia des pays survolés
rien n'est plus peuplé qu'un nuage tentaculaire
rien n’est plus fugace
je vois tout de haut
le laid et le beau
je me détends
je suis gai
mouvant
je ris des hommes empêtrés
dans leur courte vie enflée
si vous saviez
ici tout est lent et long
pas de route pas de doute
tout est frais et surtout
teinté d’opacité
je vois tout de ma hutte
en fait chut
on ne vous l'a jamais dit
vous auriez trop d'émoi
osez lever la tête
et regardez moi
je suis le paradis
bonheur fuyant
je vois le bonheur fuyant
devant mon cœur sans un cri
fantomatique zombie
calme serpent ondulant
je le sens tout proche là
tapi dans l’ombre sans œuvre
onctueux comme une pieuvre
gros bouddha sibyllin las
il disparaît prestement
avant que je ne l’attrape
fin caméléon satrape
anguille dans le courant
l’impie cruel va tanguer
comme un essaim d’alouettes
dessinant la silhouette
d’une ombre secrète et gaie
ce pur bonheur à portée
se dérobe sous mes doigts
enfantant des tourments froids
infiniment immergés
comme le vent comme l’eau
comme cette chanson triste
pleurée en mer anarchiste
par mille fonds abyssaux
vieillir heureux
spectre vitreux des ombres
piège l’automne dans l’hiver
créant une demi-saison
riche de coloris amers
vaincu par la lenteur du temps
l’homme tente de respirer
cherchant son souffle hibernant
dans le soir recroquevillé
ainsi vont mon âme et mon coeur
dans ce faux rythme d’irraison
nomades cherchant un bonheur
qui ne dira jamais son nom
quel est ce sentiment qui presse
mon esprit peureux et troublé
quelle est cette lourde détresse
présente dans l’obscurité
ce n’est pas la terre sans nombre
ce n’est pas le manteau du froid
c’est le spectre vitreux des ombres
qui déjà recourbe ses doigts
(sélectionné au Prix Paroles Vives 2022 pour paraître dans le recueil "Murmures sous le Pont des Consuls")
porte du tableau
qui n’offre rien pour s’arrimer
transmuant ton cœur élimé
en nuée de limbes mouvants
dans les ténèbres somnambule
balbutiant et balancé
tu sursautes comme une bulle
grenouille sur un nénuphar
luciole perdue dans la brume
voilier louvoyant vers le phare
suivant sa vocation ténue
la mémoire de tes dix doigts
cherche le toucher de l’émoi
et le frisson de l’âme nue
nuit et jour tu peins tu zigzagues
dans un serpentin de questions
un matin vient la solution
ravir les écumes des vagues
suivant ta foi ton idéal
tu fais éclore du tableau
une maison de terre et eau
dont tu es le héros final
étiré par ton repentir
un trait pareil à une eau-forte
sur la toile éclaire la porte
par où tu peux enfin partir
Hommage à Ou Tao-tseu (en japonais Godoshi) et Wang Fô